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jul 212020
 

par GUILLAUME LASSERRE pour MEDIAPART

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L’acquisition de la vidéo-performance « Prodigal son » par le Frac Pays-de-la-Loire marque l’entrée de l’artiste cubain Carlos Martiel dans les collections publiques françaises. Il s’attaque à l’ « apartheid mondial » en performant son corps jusque dans la souffrance envisagée comme vecteur de vérité et revendique un art de l’activisme, générateur et transformateur d’une conscience collective.

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« Je mets sur ma poitrine toutes les médailles décernées par l’État cubain à mon père pour ses mérites patriotiques[1] ». La vidéo « Prodigal son », performance filmée en 2010 à la House Witch de Liverpool, est la première œuvre de l’artiste cubain Carlos Martiel (né en 1989 à La Havane, vit et travaille entre New York et La Havane) à entrer dans les collections publiques françaises[2]. Agenouillé au sol et vêtu uniquement d’un pantalon, l’artiste épingle à même sa poitrine, lentement et méthodiquement, les cinq médailles officielles qui furent décernées à son père au cours de sa carrière de policier, puis de militaire. La performance, menée à la manière d’un rituel martial, traduit un sacrifice sociétal accablant et douloureux, transformant les cicatrices qui marquent le corps en une cartographie mémorielle du triomphe de la Révolution. Ce sont elles qui contiennent la vraie bravoure, bien plus que des breloques épinglées sur un symbole du pouvoir, l’uniforme militaire servant d’enveloppe de protection, d’armure ou même parfois de leurre. Pour ce fils prodigue, la seule médaille que l’on porte avec fierté est celle qui se lit dans les meurtrissures de la chair, témoin du combat physique, métaphore de celui, quotidien, que mènent nombre d’individus à Cuba, attendant toujours que l’Etat reconnaisse leur sacrifice pour la Révolution. La population compose une société mixte dans laquelle l’héritage afrodescendant est visible partout mais où le racisme est pourtant présent, bien que le gouvernement affiche une attitude égalitaire pour prétendre que ce problème n’existe pas. Tout le reste n’est que pacotille.

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